Du moins, je crois. L’autre jour, jeudi il y a 15 jours si je ne m’abuse, tandis que la douche coulait, je me suis dit « mais oui! ». Le genre révélation, ou plutôt confirmation d’une intuition. Ca concerne notre pratique, et plus précisément comment la régularité augmente la valeur de nos efforts. Voyez plutôt.
Disclaimer: avant de commencer, je précise que tout ceci est une théorie fumeuse issue d’un esprit dérangé par une douche. A prendre avec des pincettes! A bon entendeur…
Nota: le texte est long. Prenez votre temps!
Au commencement: la valeur brute
Alors commençons par parler de la valeur faciale – si l’on puis dire – de notre séance de pratique. Je pratique chez moi, ou je suis guidé et corrigé par un prof, ou je travaille avec un audio… Marie-Laurence nous dit:
Difficile de décrire cet état de plénitude et de sérénité que je ressens à la fin des cours.
Marie-Laurence D.
Mais alors, nous sentons bien que l’effet n’est pas toujours le même selon les séances. Alors, ça dépend de quoi? Fortement de mon attention, de ma curiosité, parfois du temps passé, ou plutôt de la continuité de mon attention. Et de quelques catalyseurs comme la qualité de l’enseignement, un peu de l’énergie du groupe, de l’ambiance de la salle, la saveur de l’encens… Yes sure.
Ceci explique pourquoi on peut avoir l’impression que certaines séances sont top et d’autres… bref. Et c’est comme ça qu’on peut se retrouver à dire « C’est pas pareil quand je suis tout seul« . Certes.
Donc, si on se résume, la valeur « brute » d’une séance serait quelque chose du genre
où f serait une moulinette cryptée.
C’est là que les mathématiques nous rajoutent deux facteurs intéressants.
First. La rémanence.
Comme si chaque séance de mon passé continue d’avoir une image résiduelle. J’ai appris des choses. Plus c’est éloigné dans le temps, plus l’image est floue, mais l’image est quand même là. Vous sortez du massage, les muscles de la nuque ont été malaxés copieusement, et ils s’en souviennent. Le lendemain, peut-être la sensation est un peu moins vive. La semaine d’après il n’y plus de sensations, mais si je passe le doigt, un souvenir se réveille. Et dans un moins, il ne reste plus qu’une trace subtile. Mais une trace quand même! Une trace dont la vivacité diminue avec le temps. C’est exactement idem avec notre pratique.
Donc Après la séance de ce matin, en réalité,
Hey! Ca commence à devenir intéressant. Le bonus n’est pas énorme à priori, mais … il peut se cumuler. Et ça change tout. Chaque seconde que je passe sur mon tapis compte! Aucune n’est perdue, même si je m’arrête pendant 100 ans. Chaque seconde a un impact dans la balance. Chaque seconde sur mon tapis laisse un trace pour le futur. Et ce n’est pas tout.
Second. La résonance.
La régularité. C’est alors là que la véritable magie s’opère.
Pourquoi ils disent « c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas? » Aha!
Quand j’arrive dans une nouvelle maison. Après la première nuit, je tatônne pour trouver l’interrupteur. Et après j’ouvre bien les yeux pour aller jusqu’aux toilettes. La deuxième nuit, j’allume encore l’interrupteur, mais déjà j’ouvre moins les yeux. A la fin de la première semaine, je peux aller aux toilettes les yeux fermés. A la fin de la deuxième semaine, je maîtrise tellement que j’arrête me lever la nuit 🤣 lol.
En réalité s’opère un phénomène de résonance. Et plus je maintiens la récurrence, plus l’effet de la résonance augmente. C’est comme le beurre que je mets à feu très doux qui finit par fondre et bouillir si je maintient la régularité de l’apport de chaleur; la chaleur résonne de plus en plus et la transformation s’opère, j’obtiens le ghee, ce nectar au parfum de noisette vénéré par delà l’Himalaya.
C’est comme la goutte d’eau qui finit par fissurer la roche. Ou la note La qui finit par exploser la cellule cancéreuse. Quand vous frappez la corde de guitare, le son monte… et puis descend. Si vous refrappez, le son revient. Et si on garde le rythme, on n’a plus un son abandonné somewhere, mais une musique! Et subitement les gens à côté se mettent à taper du pied, à danser…
Ok. Je dis différemment. Vous êtes dans un groupe, disons 20. Quelqu’un dit un truc du genre « Nous devons perservérer, être prudents et continuer à pratiquer, car c’est comme cela que nous construirons un monde meilleur ». Vous vous dites « ouais bof, je n’y crois plus trop ». Pourtant, un premier applaudit. Puis un deuxième. Puis ils sont 5, 15. Finalement vous vous retrouvez à applaudir. Et en quelques minutes toute la salle bat à l’unisson. Pourquoi? La résonance. Faible au début, elle se nourrit d’elle même, devient de plus en plus forte et effective. C’est là la transformation!
Alors en termes mathématiques, je me retrouve avec une espèce de bonus de continuité. Comme si la séance d’aujourd’hui est bonifiée par la continuité des efforts précédents.
Donc oui, la séance d’aujourd’hui, comme celle de tous les autres jours lambda, à l’air anodine, sans rien d’exceptionnel en apparence. Sauf que!
L’histoire – farfelue – de Krista
Krista – un personnage de fiction – après plusieurs décennies d’une vie harrassante décide, par un beau matin d’automne, de tester le yoga pour se sentir un peu mieux. Elle assiste à un cours avec disons, Juste. Dans ce cours elle fait ce qu’elle peut, et à la fin, elle ressent un peu de soulagement. Ravie, elle se trouve à essayer quelques trucs chez elle le lendemain matin. Elle a l’impression que ça n’a pas fait autant de bien qu’hier soir, en plus elle est débutante et tout et tout. La réalité, c’est que, dans ces 10 minutes du matin, elle a quand même reçu un bien.
Il y a un microscopique chouya de valeur résiduelle de la séance d’hier et comme il y a de la continuité, il y a un peu de bonus. Mais c’est vraiment minime. La semaine se termine. Krista ne pratique pas davantage. Elle se dit: « ah j’ai vu qu’il fait un stage ce weekend; je suis dispo je vais y aller ». Et voilà Krista embarquée dans un stage de 2 jours. Pour elle, c’est simplement whaou. il n’y a pas de mots. Certes sa dernière pratique date de mardi dernier, mais ca suffit à lui donner un surcroit de curiosité pendant le stage, ce qui résulte en un surcroit d’effets du stage: l’effet bonus.
Semaine 2. Le train train reprend.
Observons que même les jours où Krista ne pratique pas, il y a quand une valeur résiduelle une certaine dose de mieux-être que lui a laissé la pratique. Mais bon, soyons sincère, ce sont des doses vraiment microscopiques. Jeudi Krista sent l’élan de pratiquer, peut-être parce que bizarrement ses lombaires la lancent à nouveau. Une dizaine de minutes et elle ressent un certain mieux. Allez, samedi elle essaie de suivre une vidéo Youtube qui explique disons le chier tête en bas. Hey! Ca fait déjà deux fois cette semaine. Tout ça c’est encore débutant, donc les effets sont basiques mais ça fait une pièce de plus dans le pot.
Semaine 3. C’est décidé.
Ce truc me fait du bien. Je vais lui consacrer du temps. Je vais prendre un cours chaque semaine et pratiquer le soir après le boulot. Mais c’est le confinement. Tant pis. Je vais quand même me faire accompagner. Je vais faire les cours sur zoom avec Juste. Krista est motivée et attentive, alors sa curiosité lui donne une grande profondeur dans son cours. Et dès le lendemain, elle va sur son tapis en solo. En plus de sa séance, l’effet de ses efforts des jours précédents commence à être conséquent. Elle persévère jusque vendredi. Samedi c’est le weekend, elle prend un break.
La semaine 4. La fleur apparaît.
Le cours reste le même. Mais Ô miracle! Ô joie! Ô bonheur! Grâce à l’assiduité de sa pratique, le lien se fait entre disons la posture et la relaxation. Et l’effet du cours se trouve avoir un « bonus » de 30%. Dès le lendemain, Krista retourne sur son tapis en solo. Certes tous les jours ne sont pas pareils, mais Krista sent qu’elle a passé un palier et même certaines séances se rapprochent de l’effet d’un cours. Yes!
Semaine 5 elle commence à sentir un peu plus de maîtrise. Un nouveau champ de curiosité s’ouvre. Elle refait même un stage d’un journée. En semaine 6, pof, ça s’épanouit. En regardant les courbes, notons que l’essentiel du jackpot vient du bonus de continuité! En semaine 7, Krista ressent du mieux dans son corps, et surtout une plus grande sérénité dans ces temps d’incertitudes. En comparant sa première solo en semaine 1 et celle de ce matin, en passant du simple au triple, elle se rend compte qu’elle a cultivé une force. Quand elle se souvient de comment elle était en semaine 0, elle est émue par la richesse de sa transformation. Et elle est émue par ce qui l’attend. Elle va continuer à pratiquer. Elle en est persuadée, le jeu en vaut la chandelle.
Alors on fait quoi?
Uniquement des stages intensifs ? Ou seulement des cours hebdomadaires? Ou juste pratiquer seul? Faites comme vous voulez, moi je prends tout mon capitaine. Le travail que je fais seul sur mon tapis permet à l’enseignement du prof d’être mieux révélé, ce qui me permet d’atteindre d’autres profondeurs quand je reviens dans mon labo.
Une feuille seule de papier ne vaut apparemment rien, une microscopique goutte d’eau dans l’océan. 500 feuilles ensemble, ça fait une rame. AUssi solide qu’une brique, capable de fracasser des obstacles et de supporter une énorme charge.
Bon bref, trêve de phantasmagories pseudo-mathématiques. Il est temps de pratiquer!