La Floraison
Pendant le mois de Mars, le cerisier sans feuilles s’est progressivement rempli de fleurs. Le 29 Mars , la floraison était à son comble. Un paysage captivant à regarder. Le matin en se réveillant et le soir avant d’aller se coucher. Dans le printemps naissant, ces fleurs portaient avec elles une promesse de vie.
Pendant l’Avril, les fleurs ont progressivement laissé la place aux feuilles et aux petites boules vertes. Les boules vertes ont rosies.
Un fruit mûr. C’est quoi au fait?
Les roses ont rougies. Et à la mi-mai il y en avait pas mal qui tombaient. Alors on s’est mis à les ramasser. Pour pas les perdre! La théorie était ça doit être comme les avocats. SI on les laisse à l’ombre, elles vont mûrir. Que nenni. Pendant 7 jours elles ne bougeaient pas.
Pendant ce temps, celles sur l’arbre continuaient de muter. Elles ont pris en volume et sont devenues franchement rouges. Un goût sucré. A chaque jour nouveau, nous pensions: “avant aujourd’hui nous n’avions pas des fruits. Voici enfin un fruit mûr et sucré.” Et ainsi de suite jusque début juin. Il a donc autant de nuances de mûrissement?
Aller vers les hauteurs
Début juin, les visibles devenaient franchement rouge sombre. Alors, on s’est lancé dans une cueillette en bonne et due forme. Je me suis hissé au premier étage de l’arbre. C’était le 25 ou le 26 mai. En lançant 2 cerises dans ma bouche, les cerises étaient noires et j’ai découvert un goût que je ne connaissait pas. Rien à voir avec les fruits du bas. Nécessitant contorsions et courage, ces fruits étaient d’une saveur inexprimable. C’est alors que je me suis mis à méditer. Et si ce n’était pas juste un arbre? Si c’était une allégorie de notre vie spirituelle?
Avec un minimum de discipline, on récolte les fruits du bas. Et en persévérant vers le haut, d’autres fruits d’une saveur supérieure apparaissent. En réalité, les fruits sont là, ils nous attendent. Mère Nature les a préparés pour nous. Ce qui est demandé de nous, c’est le courage de grimper. Le courage de lâcher la peur et tendre le bras. Saurons-nous nous hisser à leur hauteur? Ou alors serons nous rassasiés avec les fruits presque mûrs d’en bas?
La gâche
Autre occupation entre mi-mai et mi-juin: débarrasser le jardin. A chaque minute, au minimum une cerise tombait. Après une nuit, le sol était recouvert. Quelques unes étaient bonnes. Plusieurs étaient infectées par un vers. Ou alors ouvertes par un oiseau. Alors deux fois par jour, (parfois plus j’avoue), on ratissait le sol à la main pour tout ramasser et trier. Sur un mois, c’est près de 20 kg de cerises impropres aux humains qui ont été compostées. Pourquoi tant de gâche? tout ce gâchis? Lol! Déjà, ca nous fait plier le genou pour ramasser. Et si tout était bon, qu’en ferions nous? Surtout, dans l’allégorie: certains objets auront de loin l’aspect de fruits légitimes et bons, alors qu’ils seront corrompus de l’intérieur. Ne dit-on pas “tout ce qui brille n’est pas or”? Alors, dans notre voyage, il nous appartient de faire le tri entre les fruits et les pourrites (“on ne dit pas pourrites papa!”).
Année d’abondance
Je connais ce cerisier depuis 18 mois et c’est ma deuxième récolte. L’année dernière, j’ai mangé en tout et pour tout une poignée au retour de mon voyage. Cette année, je n’ose vous dire combien j’en ai mangé. Personne n’a compté.
Sur 1 mois, nous avons collecté plus de 15kg de cerises propres à la consommation. Tous nos voisins sans exception ont été béni d’une barquette au moins. Nos collègues. Nos amis. Nous avons même organisé des rassemblements de cueillette. Les oiseaux, les poissons, les vers, les chats, les mouches même ont eu une ration plus qu’abondante.
De mémoire de voisins, 10 ans d’ancienneté pour certains, on n’a jamais vu autant de fruits sur l’arbre. Alors oui j’ai rendu grâces. Le 24 Mai, j’écrivais à ma mère sur Whatsapp:
Nous rendons grâce, la récolte est abondante. Les fleurs sont nombreuses. Manuel a été admis à son concours d’entrée en 6ème section internationale.
En réalité, qu’avons nous fait pour mériter toute cette abondance? Avons-nous fait une grande dose d’incantations? Ou alors versé beaucoup d’engrais? En réalité rien du tout. Nous avons dormi, et nous nous sommes réveillés. Comme la manne tombée du ciel, les cerises étaient là. Pour ceux qui s’en souviennent, notre pain est un don du ciel. Comment ne pas penser aux paroles du psalmiste?
Alors considérons le privilège que nous avons d’être un instrument de bénédiction pour les autres.
Une autre pensée m’est venue, comme celle d’Abraham. Mais celle là est pour MB seule.
Les cerises ou le cerisier?
De Février à Juin, s’asseoir au pied de cet arbre a été un vrai régal. La beauté des fleurs. Les chants des 5 espèces d’oiseaux qui venaient s’y rassasier. Et les innombrables fruits que nous avons ramassé. Les rires et les larmes que nous y avons partagé. Les jus et les bières. Temps de bonheur. Tant de grâces.
Et voici. La nuit tombée, on ne distinguait plus que masse de feuilles et taille de tronc. Où sont donc les fruits qui nous captivent tant dans la journée? L’occasion pour nous prendre conscience qu’à la source des fruits, il y a l’arbre! Egal à lui même, de jour comme de nuit, printemps comme automne, avec groupies ou dans la solitude de l’hiver, il est là, planté. Des racines profondes, et des branches épanouie. Une image te viens, voyageur de l’âme? Puisses-tu être cet arbre, en toutes saison. Profond dans les fondations de ta pratique, solide dans ta connaissance, ouvert dans ton coeur, et généreux dans tes fruits, ô voyageur.
Peace.
Psaumes 1:3
Il est temps de refermer notre sieste au pied du cerisier. On viendra lui rendre visite plus tard. Les jours à venir auront peut-être d’autres perles pour nous, qui sait?